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La plus jeune au sommet : l’ascension du mont Logan par Naomi Prohaska

25 octobre 2017

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Il faut un certain recul avant de saisir l’impact qu’un événement a sur soi. Lorsque j’ai décidé que je voulais devenir la plus jeune personne à atteindre le sommet de la plus haute montagne du Canada, je ne savais pas à quoi m’attendre ou ce que cela signifiait. Je voulais relever un défi et je savais que ça me motiverait de nourrir un rêve. Je n’avais aucune idée des efforts que j’allais devoir mettre dans un seul voyage d’entraînement ou du nombre d’heures nécessaires pour m’exercer aux techniques de sauvetage en crevasse et en cas d’avalanche. Mais je ne savais pas non plus à quel point quelqu’un pourrait être dévoré par une passion.

Dès que j’ai commencé à me renseigner sur l’alpinisme, j’ai tout de suite aimé ce sport. Chaque ascension avec mon père, guide certifié de l’Association des guides de montagne canadiens, m’a permis d’apprendre quelque chose de nouveau : comment prévenir et traiter les ampoules, ce qui fonctionne le mieux pour moi et le fait qu’il est possible d’attraper un coup de soleil à l’intérieur du nez, sur la langue et sur les yeux, entre autres. Apprendre et comprendre la base de l’alpinisme m’a aussi beaucoup renseigné sur moi-même. En effet, je sais que pour être heureuse et vider mon esprit, j’ai besoin des montagnes. C’est très encourageant de savoir que je peux programmer mon esprit pour accomplir des choses que d’autres personnes pourraient considérer comme insensées. Mon entraînement en prévision de l’ascension du mont Logan m’a fait vivre une foule d’aventures incroyables que je n’aurais pas vécues si je ne m’étais pas préparée pour atteindre le sommet.

À l’approche de mon départ pour le Yukon, je me sentais de plus en plus nerveuse, mais de plus en plus enthousiaste. Surtout, je me sentais de plus en plus soutenue. J’étais encouragée par ma famille, mes amis, des amis de mes amis, des inconnus, ainsi que par d’incroyables entreprises comme MEC, Peak Performance, Nomad Nutrition et Mountain Berry Landscaping. Sans l’appui de ces personnes inspirantes, je n’aurais jamais vu le mont Logan.

Sur le vol vers le camp de base, j’étais tellement reconnaissante d’être où j’étais. Le simple fait de voir le mont Logan était formidable. Sa taille est incomparable à toutes les montagnes que j’avais déjà vues. En atterrissant sur le glacier Quintino Sella, j’étais fin prête à gravir cette bête de montagne.

À mesure que les jours passaient dans le parc national et la réserve de parc national Kluane, mes limites étaient continuellement repoussées. Les journées devenaient plus difficiles, alors que les nuits devenaient plus froides. La plupart du temps durant le voyage, chaque pas vers le sommet était un record d’altitude pour moi. Je n’avais jamais connu le mal des montagnes : maux de tête, nausées, perte d’appétit, souffle court et fatigue générale. Toutefois, pratiquement tout le monde en souffre. En installant la plupart de nos campements, le mal des montagnes a frappé, mais le sentiment de joie que je ressentais à chaque nouvelle progression vers le sommet me faisait oublier la douleur.

Chacun de mes pas me rapprochait de mon rêve. À mesure que les ascensions entre les campements devenaient de plus en plus difficiles, les vues devenaient de plus en plus gratifiantes. Nous avions des vues sur le pic King (4e plus haute montagne du Canada), une gigantesque masse rocheuse qui nous a fait sentir tellement petits. Toutefois, la vue du mont Saint-Élie était de loin la plus spectaculaire de l’expédition. C’était fascinant de regarder au loin et de voir rien d’autre que de la neige, de la glace et de la pierre. Nous étions réellement au milieu de nulle part, mais ce « nulle part » était au centre de mes pensées depuis fort longtemps.

Ça faisait deux ans que je pensais au mont Logan tous les jours. J’avais imaginé la route et les campements un nombre incalculable de fois, en plus d’avoir mémorisé les cartes de la montagne. J’ai tellement pensé à la vue depuis le sommet que ma moyenne générale à l’école en a souffert. Lorsque le moment est venu d’entreprendre mon aventure d’un mois que j’avais préparée depuis tellement longtemps, c’était la folie. La plupart du temps, je n’arrivais pas à croire où j’étais. J’avais du mal à saisir que je vivais mon rêve ou que ce n’était plus un rêve. C’était ma réalité.

Être debout au sommet du point culminant du Canada est probablement le moment le plus difficile de ma vie à décrire. J’étais si ébahie et stupéfaite d’être où j’étais que je ne réalisais pas que je ne rêvais pas ou que je n’étais pas en train d’imaginer tout ça. J’étais la plus jeune personne à atteindre le sommet de la plus haute montagne du Canada. À cet instant, j’étais la personne que j’aspirais à devenir depuis 25 mois.

Après avoir gravi le sommet, je n’ai pas ressenti le sentiment d’accomplissement auquel je m’attendais. J’étais encore seulement une fille qui voulait passer le plus de temps possible dans les montagnes. Le fait d’avoir atteint mon objectif ne signifiait pas la fin de mon cheminement. Ce n’était pas seulement un exploit à cocher sur ma liste avant de passer au prochain. C’était les fondations sur lesquelles je pouvais construire. Notre expédition dans le massif des monts Saint-Élie a confirmé mon besoin d’alpinisme et mon amour pour ce sport.

Depuis que j’ai quitté le Yukon, je pense beaucoup aux montagnes. Je recherche ardemment le calme de la glace et la tranquillité d’esprit dans mon âme. Admirer les sommets environnants et regarder derrière moi pour évaluer ma progression me manquent énormément. Je sais que je deviendrais une meilleure alpiniste et une meilleure personne en me fixant des objectifs. De plus, je comprends pourquoi cela semble inspirant. Toutefois, être capable d’apprécier pleinement la roche et la neige est beaucoup plus important que de revendiquer le titre de la plus jeune, de la première ou de la plus rapide à accomplir un exploit. Je sais maintenant que je préfère entendre le rugissement du vent au sommet d’une montagne plutôt que d’être enfermée entre quatre murs. Et je sais que je ne serais pas capable de m’éloigner des montagnes, et ce, même si j’essayais.

Photos : Rich Prohaska

Le 24 mai 2017, à l’âge de 15 ans, Naomi Prohaska est devenue la plus jeune personne à atteindre le sommet de la plus haute montagne du Canada, le mont Logan.MEC est fière d’avoir soutenu Naomi en lui accordant une subvention de notre programme Soutien aux expéditions et en l’équipant de bottes de ski, d’un matelas de sol avec isolant en duvet, d’un pantalon d’alpinisme, de bottillons et d’un sac de sport pour l’aider à accomplir l’ascension du mont Logan. Bravo Naomi !


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